Du grec boustros, bœuf et strophein, tourner (qui a également donné la strophe de nos poèmes, laquelle tourne pour revenir à la ligne), le boustrophédon désigne un style d'écriture, donc de lecture, où le texte se déploie en continu sur la page, de gauche à droite puis de doirte à gauche (et à l'envers), à la manière des allers et retours successifs du bœuf labourant un champ. Le boustrophédon implique donc non seulement un déplacement physique en forme de va-et-vient mais aussi un double-sens, de lecture comme potentiellement de signification.
En 2020 Lina Ben Rejeb, Mathieu Bonardet et Adrien Couvrat ont tous trois profité de l'espace mental créé par le confinement pour entreprendre une incursion figurative doublée d'un regard historique. L'évidence des liens entre leurs démarches a amené Lina Ben Rejeb à en initier une présentation commune, alors que la lecture du Discours de la servitude volontaire de La Boëtie l'interrogeait sur la notion de collectif en art. Boustrophédon propose au regardeur de suivre le même mouvement pendulaire entre une première pièce, studiolo consacré à cette respiration figurative, et une seconde plus minimale qui constitue le "coeur" de la pratique des trois artistes. / extrait du texte de Xavier Bourgine
March 14, 2023