Eve Gramatzki est née à Königsberg (actuellement Kaliningrad en Russie) en 1935. A la suite du bombardement des Alliés en 1944, puis la prise de la ville par les troupes soviétiques en avril 1945, la famille d’Eve réussit à quitter Königsberg et se réfugie en Allemagne ; à partir de 1945, elle s’installe à Hambourg où Eve sera élève des Beaux-Arts de 1956 à 1961.
A l’âge de 27 ans, elle vient vivre à Paris et débute sa carrière d’artiste dans les années 1970. Elle rencontre Hans Bellmer, Joan Mitchell, Aurélie Nemours ainsi que la critique et écrivaine Anne Tronche qui suivra sa carrière et écrira régulièrement sur son travail jusqu’à sa disparition en 2003. Eve connaît une certaine notoriété dans le milieu de l’art parisien en raison de ses dessins figuratifs d’une fascinante étrangeté (gants usagés, vieilles chaussures, culottes en résille ou rayées etc..).
En 1975, l’artiste achète avec son mari un mas isolé, « Les Nègres » en Ardèche. Eve y passe l’entier été 1975, puis les étés des années suivantes, jusqu’à y vivre pratiquement toute l’année. Sa production évolue progressivement : les trames des dessins figuratifs se déploient, se défont, se dispersent. Par la suite, travaillant d’après un vieux tissu rayé trouvé chez un ami, puis un mouchoir maculé de peinture dans l’atelier d’un autre, Eve se met aussi à peindre sur toiles et emploie de vives couleurs. Le dessin reste très présent : après une sorte d’explosion de violence graphique très brève, apparaissent des lignes horizontales formant des trames plus ou moins dilatées qui s’allongent toujours plus sur des fonds aquarellés aux couleurs de l’environnement, avec des ajouts éventuels de craie et de cendre. Eve fait aussi le choix de réaliser des œuvres purement aquarellées de formats très variables.
Après avoir exposé à Paris (galerie Iris Clert et galerie B), l’artiste exposera dans le sud de la France, notamment à Montpellier et Arles (Artothèque de Montpellier, galerie Nicole Dortindeguey à Anduze et Arles, galerie Wuertz à Narbonne), puis à nouveau à Paris à partir de l’année 1988 (galerie Bernard Jordan).
En 1995 elle obtient un atelier octroyé par la Ville de Paris et partage sa vie entre Paris et l’Ardèche tout en continuant d’exposer entre Paris et le sud.
Dans les années 2000, certains formats de dessin se sont redressés verticalement, et des lignes verticales sont venues recouper les horizontales en petits carreaux, reprenant à cet égard certains très grands dessins déjà réalisés en Ardèche : ce sont les stèles.
Le 23 mai 2003, Eve Gramatzki met brutalement fin à ses jours.