Avec Charles Pollock, Béatrice Duport, Pauline Pastry, Isabelle Rèbre, JeanLouis Schoellkopf
La crise du capitalisme que nous traversons a remis le travail sur le devant de la scène. On questionne sa place dans nos vies, sa pénibilité, son coût. Dans les années 1930, Charles Pollock, peintre américain ensuite émigré en France, fait des travailleurs le sujet de ses œuvres. Alors que la peinture américaine de cette époque célèbre la grandeur des machines, lui se tourne vers les hommes et réalise des portraits des vaincus de l'ère industrielle. Une trentaine de ses dessins - portraits, scènes d'usine - sera exposée à Montreuil, dont certains pour la première fois. Ils nous replongent dans la Grande Dépression. Pour y répondre, Franklin D. Roosevelt avait mis en place une politique sociale qui consistera à favoriser les groupes minoritaires, les marginaux, les personnes âgées et les chômeurs. Le Public Work of Art Project qu'il met en place offre alors aux artistes un soutien sans précédent.
Presque cent ans plus tard, le photographe Jean-Louis Schoellkopf réalise lui aussi des portraits de travailleurs. Ces œuvres photographiques ont été réalisées dans différents sites de production – textile, chimie, électrique de Mulhouse. Suivant son protocole habituel, il invite les ouvriers à poser librement avant d'installer sa chambre moyen format numérique sur trépied. Un nouveau visage de l'usine apparaît, aseptisé et coloré, où prennent place les femmes.
Béatrice Duport quant à elle n'a arrêté d'enfreindre l'interdiction de pénétrer dans un univers longtemps réservé aux hommes. Ses pièces, proches du ready-made, issues d'un monde industriel en Picardie ou au Mali, sont transformées puis déplacées dans un lieu d'exposition. Elles ouvrent ainsi un espace entre monde industriel et monde artistique que l'artiste travaille à rapprocher.
Pauline Pastry rappelle la vitalité du monde ouvrier qui s'est développée à Montreuil à la fin du 19 ème siècle et avec lui, des manifestations politiques et culturelles. Avec son installation Les ateliers du diable la jeune plasticienne évoque les soirées ouvrières qui ont eu lieu à la fin du 19ème siècle, précurseurs des Universités populaires.
Pour l'occasion, Isabelle Rèbre , cinéaste et commissaire de l'exposition, a réalisé deux installations inédites. L'une d'elle est tirée de son long-métrage Pollock&Pollock
(2020). Intitulée « Le bout de la chaîne », elle a rencontré en scène les ramasseurs de cannettes dans les rues de New York aujourd'hui.
April 24, 2025