« La lettre sans cesse transformée, déstructurée résiste, se révèle indestructible… J’associe ainsi la part de ce qui sera ignoré à jamais de celle qui demeurera indélébile"
Max Wechsler
Max Wechsler naît en 1925 à Berlin dans une famille juive. Il est envoyé en France, à Paris, en 1939.
Ses parents et grands parents, restés à Berlin, seront déportés à Auschwitz.
Pendant l’occupation, via le réseau des Éclaireurs israélites de France (EIF), il est recueilli à la Maison des enfants de Moissac, puis, après l’invasion de la zone sud, passe en Suisse le 23 janvier 1943 et rejoint le camp de Davesco, près de Lugano. À la fin de la guerre, il choisit de rester à Paris. Apatride, il obtient la nationalité française en 1980.
Il débute au journal Vaillant comme illustrateur et graphiste, métier qu’il exercera à temps partiel jusqu’au début des années 1990. Ses rencontres avec le peintre Serge Fiorio pendant la guerre, puis avec René Moreu, qui fut rédacteur en chef du Vaillant, seront déterminantes.
Dans les années 1950 et 1960, il peint dans une veine surréaliste des compositions fantastiques faites, selon Pierre Gaudibert, de « déploiements organiques […] expansion d’enroulements, gonflements, fissures », et constituant des « Figures symboliques témoignant d’une œuvre de souffrance » pour A. Pacquement. Ces œuvres sont exposées par Pierre Gaudibert au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris lors de la première manifestation de l’ARC en 1968.
Il cesse volontairement de peindre de 1973 à 1977, puis se tourne ensuite vers une abstraction qu’il n’abandonnera plus : série d’œuvres sur toile, surfaces striées comme lacérées dans la matière.
En 1984, il abandonne le châssis pour de grandes œuvres sur toile intégrant des collages de différents matériaux, papiers et journaux en une matière dense et épaisse, qu’il intitulera « Recouvrements papiers ». Ces très grands formats sont inspirés par l’espace de l’atelier acquis en 1985 dans le quartier de La Bastille, où il travaillera jusqu’à la fin de sa vie.
Il rencontre le peintre Michel Parmentier, qui partage l’atelier plusieurs mois avec lui en 1988. Il expose à nouveau de grands formats à la Galerie Jean Fournier, à Paris, en 1986.
Il se lie en 1989 avec le critique et poète Maurice Benhamou.
Dans les années 1990, son processus créatif se réduit à un seul matériau : l’imprimé. Les caractères typographiques sont réduits, agrandis, transformés pour créer des œuvres sans bords ni centres, des espaces lumineux, où la matière engendre la couleur.
Univers en expansion de l’illisibilité qui témoigne paradoxalement de la permanence de l’origine, de l’impossible disparition. « Papiers marouflés » de très grand ou très petit format, Max Wechsler dit : « la lettre sans cesse transformée, déstructurée résiste, se révèle indestructible… J’associe ainsi la part de ce qui sera ignoré à jamais de celle qui demeurera indélébile".
Dans les années 2000, Berlin accueille l’artiste dans sa ville natale, et lui consacre plusieurs expositions importantes : au Musée juif de Berlin, à la Villa Oppenheim, à la Galerie KunstbüroBerlin, et à la Berlinische Galerie, institution à laquelle il fait une importante donation en 2010.
En 2003, il reçoit le prix Maratier.
À Paris, il expose régulièrement au Musée d'Art et d'Histoire du judaïsme où sa donation est présentée en 2017, à la galerie Guislain-Etats d’Art, à la Galerie ETC, à la Galerie Dutko et à Paray-Le-Monial, au musée du Hiéron, auquel il fait également une donation.
Il réalise ses dernières œuvres en 2019 et meurt à Paris le 12 mai 2020.